J’ai aimé les brebis aux premiers regards, leur douceur, leur force et leur humour !

L'estive en alpage

Depuis 20 ans, je passe tous mes étés en alpage avec ma famille. Les brebis montent en estive, c’est à dire qu’elles partent en montagne tout l’été du mois de juin au mois d’octobre. En fait, elles vont où l’herbe est bonne. L’herbe en alpage est la meilleure de toute l’année, je pense que c’est le moment le plus heureux pour une brebis. Elle est enfin en liberté, plus de filets et le berger n’a qu’à bien chausser ses lacets ou changer de métier !

Aujourd’hui avec la présence du loup, nous sommes obligés de parquer le troupeau la nuit. Mais autrement, les brebis passent 12 heures de leur temps à vivre pleinement !

Je crois que l’estive, c’est toute ma vie ! Je me sens pleinement à ma place dans ce milieu. Mes enfants ont toujours été là sur chaque estive depuis 18 ans. Et malgré l’absence de Wifi, ils attendent ce moment avec impatience, je crois que tous les bergers attendent ce moment avec impatience. Mon ami berger Henri commençait à me dire à peu près dès le mois de janvier « ça y est, j’aimerais être là-haut ».

Les brebis ne sont aussi belles qu’en alpage !

Une équipe soudée

Bergère, c’est aimer être avec ses brebis, aimer les mener, aimer les rendre libres et heureuses. Mais dans toute liberté, il faut un cadre, une limite à la bêtise ! Et les brebis le comprennent très vite. C’est là tout le boulot de mes chiens. Sans eux, je ne suis rien, car incapable d’avoir la condition physique d’une brebis !!

Merci à mes chiens, Mistral avec qui j’ai appris mon métier, Billy, Dalva et Lastelle qui continuent avec un peu plus de légèreté, mais on y arrive !

Depuis 10 ans, nous allons sur une estive merveilleuse sur la commune de La Grave, dans le vallon de la Buffe, face au Massif de la Meige. C’est une grande montagne, avec des alpages qui se suivent et se chevauchent avec chaque berger qui conduit 2000 brebis. 

Nous avons une cabane et nous mettons en place également des yourtes, l’été, pour accueillir des randonneurs ou des familles. C’est un lieu assez idyllique…

Lien de La Yourte des Bergers

Les chats montent aussi en alpage, Rose y passe ces étés depuis 15 ans !

Nos ânes sont aussi là depuis de nombreuses années. Kivala et son fils Pistou. Un cheval est également au milieu de tout ce monde pour le bonheur de ma fille.

Les patous

Aujourd’hui avec la situation actuelle, nous avons dû intégrer au troupeau des patous. Ces sont des chiens de protection contre le loup, des Montagnes des Pyrénées. Ce sont des chiens assez impressionnants et cela crée bien des soucis avec des randonneurs. Nous prenons beaucoup de temps pour expliquer le comportement à avoir avec ses chiens. Nous avons 3 patous : Leïla, la doyenne, Pirate et Archibal, les 2 nouveaux. 

Tous mes patous viennent d’un élevage d’un berger très connaisseur dans ces chiens, Henri Firn. Il m’a beaucoup appris à comprendre ses chiens. Au début, j’étais très impressionnée, je n’ai jamais été « gros chien » ! Mais quand j ‘ai vu mes brebis et mes chèvres à la suite d’une attaque de loup, je n’ai pas eu le choix. En tant qu’éleveur, on se doit de protéger nos bêtes ou on change de métier. J’aime trop mes bêtes pour m’arrêter, donc je mets en place tout ce qu’il faut pour mes brebis.

Avec un bon comportement face à ses chiens, il n’y a aucun problème.

Aujourd’hui, j’ai un troupeau de 400 brebis Mérinos et une vingtaine de chèvres du Rove.

Un nouveau lieu de vie

Une installation agricole est très difficile à se mettre en place, spécialement quand on ne vient pas du milieu agricole. Je me suis installée sur la commune de l’Argentière-la-Bessée avec très peu de terre. L’hiver, je partais dans le sud de la France avec mon troupeau, avec une organisation familiale compliquée. Trouver une place dans le Sud stable n’était pas non plus très simple.

Je « vagabondais » avec mon troupeau pour leur trouver un bel endroit. Malgré ces changements et cette insécurité, je menais mes brebis et elles me suivaient, elles me faisaient confiance. Toujours, dans tout lieu, je regarde mes brebis près de moi qui me suivent et moi aussi j’ai confiance. Nous formons un tout et nous avançons.

Depuis cet automne 2020, une grande décision a été prise et nous avons trouvé un lieu adapté à tout le monde. Les chèvres sont autorisées partout, mes patous sont respectés et mon troupeau de brebis a une vraie place pour elles… et dans le confort. Le troupeau s’est installé dans la Vallée du Jabron, près de Sisteron (04). Le loup y est présent, mais pour l’instant, elles sont bien protégées.