Le goût pour le tricot

J’ai toujours aimé la laine comme tricoteuse. Ma grand-mère m’a appris à tricoter mes écharpes quand j’étais petite et depuis j’ai toujours tricoté.

J’ai toujours eu une affinité pour la laine, je voulais continuer ce lien avec mon métier.

Le souhait de valoriser la laine

Très rapidement, j’ai voulu transformer la laine des brebis pour en faire « quelque chose ». Elle était vendue en gros et ne servait à rien, en tout cas pas à moi !

Je savais que la laine Mérinos était une laine très belle, mais je n’y connaissais rien.

Marie Thérèse Chaupin, de l’association l’A.T.E.L.I.E.R. Laines d’Europe, croise souvent des éleveurs dans ces formations laine. Elle nous a mis en contact afin de réfléchir ensemble à une transformation possible.

Un regroupement d'éleveurs

Nous étions 6 éleveurs au départ.

Le groupe s’est étoffé chaque année de nouveaux éleveurs, aujourd’hui nous sommes 20 éleveurs de brebis Mérinos dans la région PACA. Ce groupe se nomme Mérilainos.

Nous nous regroupons 2 fois par an pour débattre ensemble des prochaines transformations. Nous mettons en place des stages pour apprendre à mieux connaître la laine sur nos bêtes et le jour de la tonte.

Acteurs de la transformation

La transformation de la laine est très technique. Nous tenons à ce que dans le groupe chaque éleveur reste acteur de cette transformation. Nous voulons que chaque éleveur ait un rôle et qu’il comprenne tout le processus de cette transformation.

Un lieu pour la transformation

Nous avons choisi de transformer notre laine à Biella, en Italie, car nous étions assez partant pour avoir un fil peigné, c’est à dire beaucoup plus doux avec un lavage excellent.

Nous avons commencé par faire des pelotes de différentes couleurs, puis des sous-pulls et aujourd’hui nous avons également des chaussettes.

Les étapes de la transformation

Lorsque nous avons trié notre laine le jour de la tonte, les curons sont envoyés dans une filature à Biella en Italie. Tous les curons seront vidés et retriés par catégories. Il y a 3 catégories possibles selon la finesse de la fibre de laine qui est calculé en microns. Par exemple, cette année la moyenne de notre ruban peigné est de 20,9 microns (la finesse de notre laine va de 18 à 21 microns).

Ensuite, toute la laine part dans l’usine de lavage. La laine passe par une succession de 6 bacs avec des concentrations de savons et des températures différentes. Entre ces bacs, la laine est pressée. Le dernier bac contient juste de l’eau.

La laine part ensuite pour le séchage, dans des grands tunnels d’air chaud. La laine se repose quelques temps et perd son humidité.

Puis, elle est envoyée dans une autre usine pour le peignage. La laine passe dans des cardes de nombreuse fois et il en sort un voile condensé. Ensuite ce voile passe dans une peigneuse et là, une sélection se fait entre les fibres longues (7 cm) et les autres. Les plus longues forment notre ruban peigné et les plus fines partiront en blousse.

Le ruban peigné est ensuite envoyé dans une autre usine pour être mis en cônes 1/28, c’est le fil le plus fin que nous pouvons faire avec notre fil. 1/28 signifie que pour 1 kg de fil, nous avons 28 kms de fil.

Ensuite ces cônes de 1/28 partent dans une nouvelle usine pour faire ce qu’on appelle le retordage, c’est à dire que plusieurs fils sont mis ensemble pour créer différentes épaisseurs de fils.
Nous retrouvons à ce moment-là nos cônes en 2/28 (qui serviront pour confectionner nos sous pulls), les cônes en 3*2/28 ; 6*2/28 ; 12*2/28 qui serviront à faire des fils plus épais pour le tricot et nos pelotes !

Pour la teinture, les cônes sont mis en écheveaux. La teinture sera beaucoup mieux réussie et uniforme sur des écheveaux.

Après la teinture, la laine est à nouveau remise sous forme de cônes, pour ensuite être mise sous forme de pelotes. Les étiquettes pour chaque pelote sont installées et nous récupérons nos pelotes. Nous réalisons difficilement quel chemin notre laine a fait depuis que nous l’avons trié le jour de la tonte ! Quel travail gigantesque !

Il faut savoir que lorsque nous envoyons 3 kg de laine en suint (laine triée au moment de la tonte), nous récupérons 1 kg de ruban peigné. La perte est énorme dans la transformation. Chaque année, avec mon troupeau de brebis, je transforme 700 kg de laine en suint